Jean-Paul Morrel-Armstrong
Né à Manhattan, qu’il quitte à 4 ans, Jean-Paul Morrel-Armstrong grandit un peu partout en Europe en ayant le Royaume-Uni comme point d’encrage principal. D’un père artiste contestataire - qui lui offre son premier appareil photographique - et d’une mère rebelle aux penchants artistiques mais issue de la haute société new-yorkaise, Jean-Paul est très tôt tiraillé entre des aspirations libertaires et le diktat d’une éducation formelle. Comment, dès lors, ne pas côtoyer à la fois l’establishment et les artistes incontournables de l’époque. C’est ainsi que, dès son plus jeune âge, Jean-Paul tombe dans la marmite, faisant ainsi couler l’art dans ses veines.
A 17 ans, Il décline sa place en médecine à Cambridge et part en Inde, sans argent ni billet retour, pour approfondir ses connaissances de la philosophie védique et saisir le sens de sa vie. La tache n’est pas aisée mais lui permet également de développer d’autres dons : l’art de la cuisine indienne, une sensibilité touchante et singulière et enfin l’ouverture sur le monde. Il revient en Europe, s’installe en France, et commence sa carrière comme mannequin ; un moyen idéal pour Jean-Paul de continuer à voyager, d’apprendre de grands photographes et de commencer à prendre ses propres photographies de son environnement immédiat. Ces années de succès lui apportent le confort matériel mais le lassent. Par la suite, Il embrasse différentes carrières, mais garde l’art comme fil conducteur, à travers le piano, la peinture et bien évidemment la photographie, son medium de prédilection.
Les stigmates de son passage dans des pensionnats anglais, et d’une figure maternelle à la fois puissante et absente (3), conduisent Jean-Paul Morrel-Armstrong à suivre une thérapie qui va l’accompagner pendant 15 ans. Il se met également à écrire en français - qui n’est pas sa langue maternelle - avec un style particulier, parlant crument de ses peurs, de ses amours, du sexe, de ses désarrois… bref de la vie. Naviguant entre le Nouveau Roman et Sade, il captive par son approche introspective et psychanalytique.
À l’aube de ses 50 ans, il part au Pérou, pour un nouveau voyage initiatique de quarante jours et quarante nuits, seul, au cours duquel il capture des instants uniques (prochaine exposition en préparation). Il se rend alors compte que les reportages qu’il a toujours faits (la chute du World Trade Center à NYC par exemple), ou sa manière si contemplative de voir l’homme, la nature et leurs interactions peuvent avoir une portée bien plus universelle.
C’est aujourd’hui à la Pijama Galerie, que Jean-Paul Morrel-Armstrong s’expose pour la première fois derrière l’objectif.
(1) La femme qui tremble - Une histoire de mes nerfs – 2010
(2) Marc Morrel est un artiste contestataire de l’époque du Viêt-Nam. Censuré aux Etats-Unis il fera par la suite l’objet d’une jurisprudence sur la liberté d’expression, il dispose de collections dans de prestigieux musées internationaux, comme le MOMA. Il réside désormais aux Pays-Bas.
(3) La mère de l’artiste a créé une charité venant en aide aux enfants défavorisés du Bengale faisant d’elle l’Ange du Bengale mais aussi une « Mother » pour de nombreux fidèles et disciples. Elle est décédée en décembre dernier.