Pierre Barbrel

« A force d’habiller les gens, j’ai décidé de les déshabiller devant mon appareil ». Cette phrase presque anodine est pourtant  lourde de sens pour Pierre Barbrel, artiste prodige de 24 ans. En effet, cette démarche philosophique et introspective, et en aucun cas voyeuriste, n’est pas sans rappeler une certaine forme de psychanalyse, dont Pierre est empreint depuis toujours de manière atavique.
La roue de la fortune
La roue de la fortune
Après un cursus littéraire exemplaire, ce bibliovore s’oriente vers la mode et achève une école de stylisme, lui permettant d’intégrer l’une des plus grandes maisons. S’il évolue dans le monde de l’image, ce n’est pourtant pas le monde de ses images. Il arrête tout, et se lance dans sa passion : la photographie, ou plutôt une forme de digitalisation de la peinture, et transmets la richesse de ses acquis à des élèves à peine plus jeunes que lui. Loin du documentaire photographique paysager, les récits de voyages de Pierre Barbrel sont intérieurs. Fasciné par l’art religieux, il traite le portrait d’une manière unique, pour mettre en exergue ce qu’il considère comme primordial : l’incarnation.  Ainsi c’est grâce à un mélange de techniques : collage, dessin et transformation numérique, que l’artiste traite les corps de manière à nous interroger sur la perception que nous avons de nous-même et des autres. Un jeune artiste, mais pas pour autant débutant. Pierre Barbrel a déjà réalisé plusieurs expositions. Sa dernière : Liminarité - dont une des œuvres présentée au Grand Palais pour Art en Capital en novembre dernier lui a valu la médaille de bronze – fut présentée un peu plus tôt aux Lilas – sa ville natale - , ville dans laquelle il remporta l’année précédente le premier prix de Lil’Art,, La PIJAMA Galerie est fière et honorée de vous présenter le nouveau travail de Pierre Barbrel autour du mythique tarot : Arcanes majeurs.
Exposition à la Pijama Galerie
"Arcanes majeurs" - Exposition du 4 juin au 3 juillet 2015 Fasciné par l’art religieux, c’est pourtant la carte du divinatoire plus que celle du divin que Pierre Barbrel a décidé de jouer dans cette nouvelle exposition : Arcanes majeurs. Amateur du jeu aussi bien dans sa forme classique que mystique, il manipule les formes et le travail graphique minutieux de son pinceau digital pour nous initier à sa lecture singulière du jeu emblématique de Marseille.
8 - La justice
8 - La justice
Sans être prosélyte, l’artiste exprime dans chaque lame la polymorphie des significations. Mais la magie du travail réside également dans l’approche carrée des lames et non rectangulaire. De fait, chaque œuvre ne présente pas deux mais quatre sens de tirage ou d’accrochage, multipliant à la fois les points de vue et les enseignements. A la fois complexe et dans l’épure, chaque œuvre révèle une aspérité qui attire l’œil et incite l’imaginaire à une multitude de sentiments et très rapidement un attachement. Que penser de ce bateleur qui par sa beauté et son charisme ne peut que charmer ? Pourtant quelque chose intrigue, peut-être l’œil partiellement fermé ou plus subtilement, l’absence de pupille Le regard malicieux d’une jeune fille cornue sur la tête de laquelle un rapace dépose un symbole d’infini pourrait nous laisser penser que l’équilibre est fragile, pourtant elle représente la force et se grave instantanément dans la mémoire. L’utilisation quasi systématique de couleurs primaires est cependant contrariée par l’utilisation d’un exclusif noir et blanc pour représenter la lune et le soleil. Et pourtant ce sont probablement de ces deux arcanes que se dégage la plus grande lumière. Ce sont ainsi 22 « apparitions » que nous offre l’artiste. Une œuvre d’une richesse qu’un simple coup d’œil ne peut balayer, et dans laquelle il apparaît presque inéluctable de se projeter. Je ne suis pas voyant, mais d’avis de galeriste, cette exposition ne devrait pas vous laisser stoïque.

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